Mon bureau déborde de listes et mes listes sont griffonnées de ce que j’ai lu, vu, entendu et surtout beaucoup aimé. J’ai pensé vous en faire profiter avant qu’un jour, sous le coup d’une rage de ménage, tout disparaisse.

Vous l’aurez sans doute compris - et si ce n’est pas le cas, je m’empresse de vous le dire - la lecture est mon loisir favori. Si je pouvais être payée à lire toute la journée, très honnêtement, je ne m’en priverais pas car l’aventure d’un lecteur est extraordinaire. Elle n’est semblable à aucune autre, chaque lecteur ayant son patrimoine littéraire propre.

Certains aiment simplement se laisser submerger par l’histoire qui leur est racontée. D’autres voudront au contraire l’analyser, la décortiquer, en extraire quelque chose de farouchement intellectuel. Et puis il

y a ceux qui ne lisent que ce qu’ils connaissent, ceux qui voyagent à travers les genres et les époques, ceux qui ne veulent rien savoir de l’auteur … et ceux qui sont un peu tout ça à la fois.

Moi ce que j’aime par dessus-tout, c’est comprendre comment l’auteur-e a construit son histoire. Au delà du récit dans lequel je plonge à coeur ouvert, le processus de création littéraire me subjugue. Quelle place est attribuée à l’imaginaire ? Comment transcrire fidèlement la réalité ? Pourquoi tel décor, tel caractère, tel sujet, tel cheminement ?

Alors bien sûr, je n’aime pas nécessairement TOUT ce que je lis. Il arrive même parfois qu’un livre me tombe des mains sans que je n’ai pu découvrir la seconde moitié du récit. Pour autant, mes questions demeurent : pourquoi ça n’a pas marché ? Qu’est-ce qui m’a échappé ? En quoi n’ai-je pas cru ? Est-ce une affaire de sensibilité, de concentration ou de bon goût ?

Pour qu’un livre me transporte, il suffit d’un récit bien ficelé, engagé, lumineux voire poétique. Mais pour qu’un livre me marque, je crois qu’il y a quelque chose de plus subtil tenant du talent ou de la magie. En un temps suspendu, je suis isolée dans mes territoires intérieurs attentive à la voix d’un autre qui m’offre un nouveau regard sur ce qu’est le Monde.

Ces derniers mois, j’ai lu des choses formidables mais j’ai décidé de m’astreindre, dans cette newsletter, aux livres qui m’ont époustouflée toutes catégories confondues. En bonus - parce que j’adore les lectures musicales - un artiste à écouter et/ ou un documentaire-podcast pour compléter.

1. Littérature française contemporaine

La sélection était difficile mais j’ai choisi un premier roman car, d’une part j’en lis beaucoup et d’autre part je suis ébahie par le génie des écrivaines françaises de moins de 30 que j’ai découvertes récemment.

Je vous recommande ainsi très fortement “Les maisons vides” de Laurine Thizy paru aux éditions de L’Olivier qui raconte l’histoire d’une lignée de femmes, un récit de transmission.

Dans ce roman, c'est Gabrielle qui attire l’attention, “Ma Gabrielle”, comme une mélodie entêtante, impossible de ne plus entendre son nom chanter dans nos têtes après avoir refermé le livre. Née l’âme enveloppée par la mort, Gabrielle lutte dès les premiers jours de sa vie pour survivre. Elle grandit portée par la tendresse et la fierté de son arrière grand-mère Maria, sous le regard parfois envieux de ses cousines. Car à Gabrielle, on attribue une attention particulière de peur que, en un souffle, la vie lui échappe. Elle se passionne dès son plus jeune âge pour la gymnastique rythmique, un sport dans lequel elle excellera, rigoureuse et énergique pour tous ses entraînements. Mais à l’aube de son adolescence, la mort frappe Maria. Les parois duveteuses de l’enfance de Gabrielle alors, peu à peu, se fissurent. Le corps s’assèche, le coeur s’assombrit et le caractère se fait plus dur. Comment traverser le deuil ?

Vous aimerez si vous êtes intéressés par la transmission portée par une lignée de femmes et par les sujets plus douloureux, la maladie, le deuil, le poids des secrets.

A regarder : “Les rivières”, un documentaire réalisé sur plusieurs années par Mai Hua. Pour comprendre ce qui, inconsciemment lui a été transmis, la réalisatrice interroge ses origines et dresse le portrait d’une lignée de femmes sur plusieurs générations.

2. Littérature étrangère

Dans mon panthéon personnel figurent les textes de Jon Kalman Stefansson, auteur islandais contemporain à la plume philosophique et poétique.

"Astà" est sans doute mon roman favori parce que c’est avec lui que j’ai découvert le style inimitable de l’auteur. Lire Stefansson, c’est voyager sur les terres islandaises sans bouger de son salon. Ses mots sont choisis avec justesse et réalisme. C’est une immersion complète dans son univers et ses réflexions autour de la rudesse de l’Islande.

Dans ce roman est racontée la vie d’Astà, de sa conception à sa vie de femme. Une vie rude, dense, intense. On découvre l’Islande des pêcheurs, l’Islande démunie, froide et fermée du reste du monde et en toile de fond, l’amour qui transcende.

Vous aimerez si vous êtes sensible à la poésie, si vous voulez découvrir l’Islande authentique et si les réflexions introspectives vous portent.

A écouter : “L’aparté #05 - Raconter Asta de Jon Kalman Stefansson” du podcast “Les Protagonistes” pour écouter quelques extraits du livre (ceci est une auto-publicité pour le podcast dédié à la lecture que j’ai créé il y a deux ans).

3. Littérature classique

Bien évidemment, je n’oublie pas les amoureux de littérature classique. Beaucoup m’ont marquée et aujourd’hui, j’aimerais faire découvrir à ceux qui ne la connaissent pas encore Edith Wharton avec “Chez les heureux du monde”.

Edith Wharton est une écrivaine issue de la haute bourgeoisie new-yorkaise née en 1862 et décédée en 1937 et son sujet de prédilection tient à la place des femmes dans la société.

L’histoire est moins gaie que le titre ne le suppose. Dans ce roman publié en 1905, l'écrivaine explore le mariage et l’ascension sociale à travers le personnage de Lily Bart (pour ceux qui ont la référence - je crois que l’auteure puis les réalisateurs de Gossip Girl se sont énormément inspiré de l’oeuvre d’Edith Wharton), jeune femme célibataire de 29 ans orpheline et sans argent. Recherchant le partenaire idéal, Lily Bart contrevient aux usages du monde et se perd dans les valeurs auxquelles elle croit aspirer.

Selon moi, l’un des meilleurs romans d’Edith Wharton !

Vous aimerez si vous êtes sensible à la littérature classique et curieux des questions féministes du siècle dernier.

A écouter : “Philarmonics” d’Agnès Obel, album sorti 2010

4. Développement personnel

Parmi les lectures phares (et bienveillantes), je conseille “La clé de votre énergie” de Natacha Calestrémé aux éditions Albin Michel. L’autrice est aussi journaliste et réalisatrice. Pour certains de ses documentaires, elle a consulté médecins traditionnels et médecins alternatifs. De là, elle a observé que nous portons parfois en nous des énergies négatives dues à des événements que nous avons vécus ou bien transmises par les générations précédentes. De telles énergies nous bloqueraient et nous empêcheraient d’exprimer pleinement nos potentiels. Dans "La clé de votre énergie", Natacha Calestrémé pose des protocoles pour s'en libérer.

Vous aimerez si vous sentez des résistances dans votre vie et que vous êtes ouvert-e-s aux médecines alternatives.

A écouter : Métamorphose, éveille ta conscience - Episode #231 Natacha Calestrémé : Trouver ma place

5. Lectures féministes

“FUTURES” de Lauren Bastide vient de paraître aux éditions Allary et avant d’en parler plus en détails dans une prochaine lettre, je vous recommande la lecture de son précédent essai “PRESENTES”, publié en 2020 désormais disponible en poche aux éditions Points.

Lauren Bastide est une journaliste, activiste féministe. En 2016, elle créé “La Poudre”, un podcast au sein duquel elle interroge des femmes artistes et/ou expertes engagées dans la cause féministe. Le média est devenu une archive inestimable dans la lutte pour les droits des femmes.

Dans le prolongement du podcast, “PRESENTES” constitue un essai nécessaire pour comprendre comment les médias réduisent les femmes à leur simple image (principalement à la télévision - Lauren Bastide évoquant son expérience au “Grand Journal”) et comment l’espace public a été conçu par et pour les hommes. C’est chiffré, documenté, très accessible.

Vous aimerez que vous soyez connaisseur-se ou non de la question féministe et que vous souhaitez un nouvel éclairage sur l’étendue du combat aujourd’hui.

A écouter : La Poudre - Episode 57 - Clara Luciani - qui vous donnera sûrement l’envie d’écouter tous les albums de l’artiste !

Je vous laisse sur ces suggestions et m'attèle de suite à en trouver de nouvelles pour le mois prochain.

J'espère que cette première sélection vous plaira !

Bonne semaine (et bonnes vacances pour les plus chanceux) !